AGRICULTURE – Solidaires d’un vrai changement

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Crédit : Ouest France

 Ce que vivent les agriculteurs français ne peut pas laisser indifférent. Les trois mouvements MRJC, CMR et CCFD terres solidaires des Côtes d’Armor proposent leur regard et leurs réactions sur les évènements en cours.

Communiqué de presse

Pour que les agriculteurs puissent vivre et travailler dignement au pays

Depuis le 20 janvier, les agriculteurs mènent des actions de blocage sur les routes en France. Initiées dans les Côtes d’Armor, ces manifestations expriment des désarrois profonds, liés à l’absence de perspectives d’avenir, aux détresses humaines (isolement, précarité, désespoir) qu’engendrent les dettes et la perte de sens d’un métier pourtant indispensable à la société.

Nous, MRJC 22, CMR 22 – mouvements acteurs du monde rural – et CCFD-Terre Solidaire 22 comprenons cette colère de producteurs pris en étau entre l’injonction à produire dans un système économique qui reste basé sur les volumes avec peu de valeur ajoutée, des intermédiaires dominants et les attentes de citoyens-consommateurs majoritairement éloignés des réalités agricoles.
La répétition de ces événements et leur extension à diverses filières de production montrent que la crise n’est pas (ou plus) conjoncturelle. C’est donc un modèle de développement agricole, et plus largement rural, qu’il faut changer !

Nos mouvements soutiennent une agriculture locale, soucieuse de l’Homme, de son environnement et des territoires, en solidarité avec les paysans du Sud. En conséquence, nous partageons certaines revendications actuelles des agriculteurs.
– Au sujet de la répartition de la valeur ajoutée et donc de la rémunération des agriculteurs : nous défendons l’équité et remettons en cause le peu de poids laissé aux agriculteurs dans les décisions de leurs coopératives, ou face aux transformateurs et distributeurs.
– Au sujet des régulations de marchés : soucieux de ne pas laisser les intérêts d’un petit nombre primer sur le bien commun, nous souhaitons une régulation des marchés. Nous ne pouvons soutenir un modèle agricole basé uniquement sur une logique d’exportation de nos produits, car il contribue à la déstabilisation des agricultures là-bas, et il rend les agriculteurs d’ici tributaires d’une conjoncture trop fluctuante pour assurer un revenu durable.
– Au sujet d’une harmonisation des normes écologiques et sociales au niveau européen : dans le cadre d’un développement équitable entre les peuples pour une véritable souveraineté alimentaire, nous portons le projet d’une harmonisation de ces normes à un niveau international… à condition que cela se fasse par le haut et non par la course au moins disant social et écologique comme cela se produit actuellement.
– Au sujet de l’origine des produits qu’ils soient frais ou transformés : dans le cadre d’une agriculture durable pour l’ensemble de l’humanité et son environnement, nous défendons la consommation de produits locaux issus d’une agriculture s’appuyant au maximum sur les ressources locales, tant humaines qu’environnementales, dans une logique de durabilité sur l’ensemble de planète. Ainsi, nous ne pouvons soutenir un modèle bâti sur l’importation de soja pour nourrir les animaux français, qui détruit les agricultures et le tissu social rural ici et là-bas tout en amplifiant les dérèglements climatiques.

Nous, mouvements acteurs du monde rural, continuerons à apporter notre soutien à une agriculture locale par des actions concrètes sur le terrain : alimentation locale dans nos séjours éducatifs et nos activités de formation, formations et animations concernant l’alimentation et l’installation, interventions dans les établissements de formation agricoles, sensibilisation des élus en responsabilités de l’alimentation, de la santé et de
l’équilibre social sur leurs territoires et sensibilisation des consommateurs.
Nous, mouvements acteurs du monde rural, souhaitons, à l’instar de ce qui s’est fait dans les années 1960, une remise à plat de la politique agricole en France afin de redéfinir son modèle de développement. Nous appelons donc les responsables politiques nationaux à l’organisation d’états généraux de l’agriculture définissant un modèle de développement durable pour l’humanité et son environnement permettant aux producteurs de vivre dignement !

Contact : MRJC 22 – tregorgoelo@mrjc.org / CMR 22 – gl-cmr22-secretaire@orange.fr / CCFD-TS 22 –
ccfd22@ccfd.asso.fr

4 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Ce communiqué est très pertinent, et cette idée que le modèle agricole actuel n’est plus viable est maintenant partagée par le ministre de l’agriculture et de nombreux experts, comme le directeur actuel de l’INRA. Il reste à mettre une autre politique en place, ce ne sera pas facile. Un expert nous explique dans un récent magazine d’Antenne 2 Soigneurs de terres (à revoir sur l’adresse ci-dessous) que nous n’avons pas le choix.
    A voir impérativement sur le lien suivant :
    http://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/13h15/13h15-du-dimanche-31-janvier-2016_1283737.html
    Amicalement
    Michel

  2. COLSON dit :

    Quand je vois qu’on peut se procurer sur le marché un poulet, rôti, prêt à consommer, de petite taille certes, mais au prix de 5 Euros, je me demande comment cela est possible! Le vendeur gagne sa vie, il y a l’abattage et le transport; qu’est-il revenu au paysan qui a produit ce poulet (couvée, élevage, nourriture etc.)? C’est insensé!
    Donnons aux paysans la possibilité de vivre décemment de leur travail.
    Jean Colson

  3. Bertrand dit :

    Oui c’est pertinent et tellement évident. Et dire que la JAC a soutenu ce mouvement aujourd’hui combattu par le MRJC… Comment imaginer aussi que des chrétiens soutiennent encore NDDL et l’artificialisation des terres tout en se réclamant de Laudato Si. Mystère.
    Nous avons eu une soirée sur l’agroécologie en paroisse l’autre soir: peine de s’apercevoir que des paroissiens défendent le modèle actuel, ou se résignent cyniquement à ce que les choses ne puissent évoluer favorablement, joie d’avoir deux excellents jeunes intervenants non croyants, étudiants l’agroécologie à …l' »Agro ». Comme quoi ça peut bouger, même dans le temple de l’agro-industrie.

    Quant à nous citadins éloignés de ces réalités, nous devons penser à tous les moyens possibles de faire sentir notre solidarité avec le monde des vrais paysans: AMAP, Ruches etc.. mais plus largement consommer BIO et de saison, en admettant que nous devons faire des choix et consacrer plus de budget à notre alimentation, car les choses ont un prix, plutôt que de vouloir toujours le moins disant, pour pouvoir augmenter par ailleurs notre consommation frénétique de produits manufacturés bas de gamme décérébrants.

  4. Difficile d’éveiller les consciences avec le matraquage de la plupart des média, mais comme vous le dites il y a quelquefois des lueurs d’espoir, comme l’émission Soigneur de terre, où le ministre de l’agriculture en compagnie du directeur de l’INRA et de nombreux experts, reconnait les limites du système. A voir et revoir sur le lien ci-dessous
    http://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/13h15/13h15-du-dimanche-31-janvier-2016_1283737.html
    A quand une déclaration sur l’inutilité de ND des Landes, et les limites de notre développement, ça ne saurait tarder, patience ?

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