ENCYCLIQUE – Devoir de vacances du cardinal Pell

2015 Pell« Quand cardinal Pell fâché, cardinal toujours faire comme ça ». Bon, la paraphrase d’un album de Tintin n’est peut être pas la plus intelligente, mais c’est les vacances, non ? Toujours est-il que le cardinal australien vient de dire ce qu’il pense de l’encyclique, un mois après sa publication (!).

On a beau s’occuper des finances du Vatican, on n’en reste pas moins un homme. Le Cardinal George Pell, en charge au Vatican depuis 1 an et demi, raconte, dans un entretien récent avec le Financial Times, les réformes en cours au Vatican dont il a la charge. « Réformer les problèmes d’argent est sûrement plus simple que d’autres dossiers », souligne t-il.

L’homme est moins jovial sur certains aspects de l’encyclique récente du pape. Il faut dire que le cardinal australien est un climato-sceptique notoire, luttant contre l’idéologie rampante que les militants du dérèglement climatique chercheraient à répandre. Une rhétorique assez ordinaire des milieux climato-sceptiques et aussi des milieux libéraux conservateurs. Qui vont souvent de pair, l’avez-vous noté ?

Le cardinal Pell précise :

« Il y a beaucoup, beaucoup d’éléments très intéressants. Certains passages sont magnifiques. Mais l’Eglise n’a pas d’expertise particulière en science. L’Eglise n’a reçu aucun mandat du Seigneur de se prononcer sur des faits scientifiques. Nous croyons à l’autonomie de la science ».

Voilà un autre argumentaire tout à fait courant, par exemple, dans les milieux républicains américains. Pour éviter de prendre position (apparemment), ces derniers clament depuis plusieurs mois, -dans une belle unité de communicants bien coachés- qu’ils ne sont pas scientifiques et ne peuvent donc rien dire sur la responsabilité anthropique du dérèglement climatique en cours. Mais par contre, ils peuvent bloquer toute législation qui leur déplait en ce sens.

De la part d’un homme aussi intelligent que le cardinal Pell, l’argument est quand même moins recevable. Dire que l’Eglise ne se prononce pas sur les questions scientifiques est assez surprenant alors que pendant plus d’un millénaire elle a donné le ton de la culture scientifique européenne. D’ailleurs, en 2011, le cardinal s’est opposé à Greg Ayers, le responsable du bureau australien de météorologie, sur les sujets climatiques. S’il est bien entendu que l’Eglise n’a plus la prétention (et c’est heureux) de faire rentrer strictement les découvertes scientifiques dans le champ de la révélation biblique (dans un joyeux concordisme), elle n’en garde pas moins un grand intérêt pour ce que la science dit et découvre. L’Académie pontificale des Sciences, vieille institution romaine, est d’ailleurs une des agoras que le Vatican s’est donné pour rester dans un dialogue bienveillant avec les consensus scientifiques contemporains.

Dans un lapsus assez révélateur, le cardinal australien montre d’ailleurs la limite de son raisonnement : « L’Eglise n’a pas à se prononcer sur des faits scientifiques. » Bien sûr, puisqu’un fait est un fait. Faut-il se « prononcer » sur la réalité de l’apesanteur ? Quand 97 % des climatologues mondiaux vont dans le même sens quant à leurs analyses croisées depuis trente ans, on peut parler de « fait », il me semble. Il peut (et doit) rester de la place pour de la critique ou de la réflexion, toujours nécessaire pour que le discours scientifique ne s’idéologise pas.

Mais pas pour du scepticisme de principe.

DL

2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Christine Lang dit :

    si j’osais… pell s’emmêle un peu dans son argumentation 🙂

  2. escargolibri dit :

     » Nous croyons à l’autonomie de la science  » ! Magnifique , lumineux … qui dira le contraire ?
    Et qui finance les labos de recherche , qui en a les moyens aujourd’hui et à quelles fins ces investissements ? Mais de quoi j’me mêle-pelle à tarte …

Laisser un commentaire