Il y a des Zambiens contre les OGM

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La Zambie n’aime pas beaucoup les OGM, américains notamment.

Depuis 2002, elle est même devenue une figure de proue pour ceux qui s’opposent au modèle agricole intensif qui l’anime.

Mais la lutte est vive. Tout commença en 2001-2002,suite à une saison pauvre en pluies et de mauvaises moissons. La Zambie refusant d’avoir recours aux OGM pour compenser ce manque, l’industrie américaine semencière a poussé des cris d’orfraies, dénonçant un pays qui laisse mourir de faim son peuple. Et accusant aussi les jésuites du Kasisi Agricultural Training Centre d’avoir été trop influents dans cette décision antiOGM de l’époque. Les semenciers américains ont cherché, même auprès de la Curie romaine, à infléchir la décision africaine. « Arrêtez de laisser mourir les gens de faim ! », criaient ainsi ces chers industriels prêts à répandre leurs semences transgéniques. A quoi la Croix Rouge répondit par une fin de non-recevoir puisque pas un seul décès n’a été enregistré à cette époque du fait de la faim dans le pays. Pourtant l’accusation est efficace et continue à se répandre dans les milieux qui promeuvent les OGM sur la planète.

Ce premier acte de résistance fut à l’origine d’une nouvelle politique agricole dans le pays, intitulée « Biosafety Policy », mis en place dès 2007. Une politique qui restreint fortement l’usage des OGM et inclut une clause de responsabilité engageant les pays originaires des industries polluantes.

Mais les partisans des OGM ont plus d’un tour dans leur sac. En 2009, une Alliance économique (ACTESA) soutenue par l’USAID, tenta une nouvelle approche auprès d’une vingtaine de pays africains de la région (COMESA). A quoi la Zambie répondit par l’Alliance pour l’Agroécologie et la conservation de la biodiversité qui permis de mobiliser jusqu’au Front patriotique nationale et au ministre de la justice en 2012 pour s’opposer officiellement aux OGM. Le Centre Kasisi forme aussi les paysans par un cours spécialisé sur le sujet des OGM. En mars 2013, la rencontre Awareness Creation permis d’informer de nombreux partenaires de la région sur les projets en cours un peu partout et les tentatives répétées des industriels des OGM, tout en appelant à préserver la souveraineté alimentaire des pays, le respect des semences locales et des pratiques de l’agriculture traditionnelle.

La lutte continue au moment où commencent à apparaître des « corridors de croissance de l’agriculture africaine », promus par 28 grandes compagnies internationales qui cherchent à mettre en place de manière nouvelle tous les éléments de la chaine de production et de distribution des produits agricoles africains. Cela passera bien sûr par l’appropriation de millions d’hectares de terres en Mozambique, Tanzanie, Malawi, Zimbabwe, RDC et… Zambie.

Ce qui ne passe donc pas par la porte, risque donc bien de passer par la fenêtre.

DL

Source : Art. de Bridget O’Connor et Paul Desmarais, Ecojesuit

Crédit Photo: naturalrevolution.org

 

2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Résistons ! résistons au profit sans visage
    laissons à nos enfants une planète propre
    BRAVO LA ZAMBIE !

  2. PdePoncins dit :

    Bravo aux zambiens dans leur tenacite mais comme tu le dis c est un combat de David contre Goliath ou Goliath risque de gagner car non seulement il est bp plus riche, mais plus ruse avec une armee de juristes a son service…
    En Europe nous avons aussi des juristes machiaveliques cf autorisation dun nouveau mais Ogm tueur d insectes par la Cour europeenne de justice article du Monde de ce soir…
    Et du cote de la volonte d interdiction des semences paysannes par les gros semenciers, semences garantes de la biodiversite on est pas mal servi !

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